Dans l’univers parfois poussiéreux des casses automobiles et de la pièce détachée d’occasion, une startup lituanienne fait beaucoup parler d’elle depuis quelques années. Ovoko, fondée en 2016 en Lituanie par Saulius Cesnulevicius et ses cofondateurs, s’impose progressivement comme l’un des acteurs incontournables du marché européen de la pièce auto d’occasion. Mais qu’est-ce qui rend cette plateforme si particulière et pourquoi fait-elle tant de bruit dans le secteur automobile français ?
Qu’est-ce qu’Ovoko exactement et comment ça fonctionne ?
Ovoko est une place de marché basée sur SaaS pour les vendeurs de pièces automobiles d’occasion, mais cette définition technique ne rend pas justice à l’ampleur du projet. Concrètement, imaginez un Amazon spécialisé uniquement dans les pièces détachées d’occasion, où plus de 5487 casses automobiles mettent en ligne leurs stocks pour les rendre accessibles aux particuliers et aux professionnels.
La plateforme héberge un catalogue de plus de 23 millions de pièces automobiles d’occasion, ce qui en fait probablement l’un des plus gros inventaires numériques d’Europe dans ce secteur. Pour vous donner une idée de l’ampleur, c’est comme si vous aviez accès simultanément aux stocks de milliers de casses éparpillées sur tout le continent, sans avoir à passer des heures au téléphone ou à faire le tour des ferrailleurs.
Le principe est simple : vous cherchez une pièce spécifique pour votre véhicule, vous la trouvez sur Ovoko, vous commandez, et elle vous arrive directement chez vous. Tous les achats sont couverts par une politique de retour de 14 jours, ce qui rassure pas mal quand on achète une pièce qu’on n’a pas pu examiner de ses propres yeux.
D’où vient cette startup qui bouscule le marché européen ?
L’histoire d’Ovoko commence dans un petit pays de 2,8 millions d’habitants qui n’était pas destiné à devenir un hub technologique automobile. La Lituanie peut sembler un choix surprenant pour lancer une révolution dans la pièce auto, mais c’est pourtant là que tout a commencé.
Justinas et Olegas, travaillant main dans la main depuis 2016, ont créé Ovoko comme un catalogue numérique et une place de marché tout-en-un. Le pari était audacieux : transformer un secteur traditionnellement très local et relationnel en un marché numérique pan-européen.
Au départ connue sous le nom de RRR.lt sur son marché domestique, l’entreprise a rapidement compris que pour avoir un impact significatif, il fallait voir plus grand. Elle opère aujourd’hui principalement en Europe avec 17 pays concernés dont la France, l’Allemagne et l’Espagne.
Comment Ovoko transforme-t-elle le quotidien des casseurs et des consommateurs ?
Avant Ovoko, le parcours pour trouver une pièce d’occasion ressemblait souvent à un véritable parcours du combattant. Il fallait appeler casse après casse, expliquer son besoin, attendre que le casseur vérifie son stock (quand il était bien organisé), se déplacer pour voir la pièce, négocier le prix… Un processus chronophage qui décourageait plus d’un automobiliste.
L’entreprise a développé un produit et des services uniques pour ce marché en changeant la façon dont les clients et les vendeurs interagissent entre eux. Pour les casses automobiles, Ovoko propose un système de gestion intégré qui leur permet de digitaliser leur inventaire et de vendre à l’international sans avoir à maîtriser les subtilités du e-commerce.
Du côté des consommateurs, l’expérience est radicalement différente. Vous pouvez choisir votre pièce auto d’occasion par marque et modèle de voiture, avec une large sélection pour BMW, Audi, Opel et autres marques. Plus besoin de jouer au détective pour trouver LA pièce compatible avec votre véhicule.
Quelle est la présence d’Ovoko sur le marché français ?
La France représente un marché stratégique pour Ovoko, et l’entreprise ne s’y est pas installée par hasard. La page Facebook d’Ovoko France compte 21 059 followers, ce qui témoigne d’un intérêt réel des automobilistes français pour cette nouvelle approche.
Avec des équipes en Lituanie, en Pologne, en Lettonie et en Ukraine, Ovoko pilote des opérations commerciales dans les plus grands marchés européens, y compris en France. Cette présence européenne lui permet de comprendre les spécificités de chaque marché et d’adapter son service aux attentes locales.
Le marché français de la pièce d’occasion est particulièrement juteux. Entre les véhicules vieillissants du parc automobile français et la sensibilité croissante des consommateurs aux questions environnementales, les conditions sont réunies pour qu’une plateforme comme Ovoko trouve son public.
Combien ça coûte vraiment et quelles sont les garanties ?
L’un des atouts majeurs d’Ovoko, c’est sa politique de transparence sur les prix et les garanties. La plateforme propose 23 millions de pièces détachées auto à des prix compétitifs, mais au-delà du nombre impressionnant, c’est la politique de confiance qui fait la différence.
Ovoko propose une expédition rapide en Europe et une garantie de remboursement de 14 jours. Cette garantie peut sembler anodine, mais dans un secteur où les achats se faisaient traditionnellement « vus et approuvés », c’est une petite révolution.
Les prix sont généralement attractifs par rapport aux pièces neuves, avec des économies qui peuvent atteindre 50 à 70% selon les pièces. Mais attention, comme sur tout marché d’occasion, les prix varient énormément selon l’état de la pièce, sa rareté et la demande.
Quels défis Ovoko doit-elle encore relever ?
Malgré son succès apparent, Ovoko fait face à plusieurs défis de taille. Le premier, c’est la confiance des consommateurs français, plutôt habitués aux circuits traditionnels. Acheter une pièce détachée sans l’avoir vue, à une entreprise basée en Lituanie, ça peut encore faire hésiter certains automobilistes.
Le deuxième défi, c’est la logistique. Coordonner l’expédition de milliers de pièces depuis des casses éparpillées dans toute l’Europe vers des clients finaux, tout en maintenant des délais raisonnables, relève de l’exploit technique.
L’entreprise s’attaque à un projet pour le moins ambitieux : revisiter l’économie circulaire des pièces automobiles. Cette mission, aussi noble soit-elle, implique de changer les habitudes de consommation de millions d’Européens, ce qui ne se fait pas du jour au lendemain.
Pourquoi les investisseurs croient-ils en Ovoko ?
Ovoko a récemment annoncé avoir obtenu un financement de série B de 20 millions d’euros auprès de Smash Capital, ce qui témoigne de la confiance des investisseurs dans le modèle économique de l’entreprise.
Cette levée de fonds marque le plus gros investissement dans une startup lituanienne cette année, ce qui place Ovoko sous les projecteurs de l’écosystème startup européen. Ces fonds vont permettre à l’entreprise d’accélérer son développement, notamment en France où le potentiel reste énorme.
L’intérêt des investisseurs s’explique par plusieurs facteurs : un marché de la pièce d’occasion en croissance constante, une approche technologique innovante, et surtout un timing parfait avec les préoccupations environnementales actuelles.
Quel impact sur les casses automobiles traditionnelles ?
L’arrivée d’Ovoko bouleverse l’écosystème traditionnel des casses automobiles. Dans un marché de la pièce d’occasion où la digitalisation devient incontournable, certaines entreprises comme le groupe LGA font le pari de la plateforme Ovoko pour simplifier leurs ventes à l’export.
Pour les casses qui jouent le jeu, Ovoko représente une opportunité formidable d’élargir leur clientèle bien au-delà de leur zone géographique habituelle. En utilisant le logiciel d’Ovoko, l’entreprise permet à Monsieur Tout-le-monde de vendre dans le monde entier.
Mais cette transformation numérique implique aussi des investissements en temps et en formation pour des professionnels qui n’étaient pas nécessairement préparés à cette révolution technologique.
L’avenir d’Ovoko en France et en Europe
Avec ses 20 millions d’euros fraîchement levés et son ambition affichée de « remodeler l’industrie automobile », Ovoko semble bien partie pour s’imposer durablement sur le marché européen. La plateforme mise sur plusieurs tendances de fond : la sensibilité environnementale croissante, la digitalisation accélérée depuis la crise sanitaire, et la recherche constante de bonnes affaires par les consommateurs.
Aujourd’hui, c’est le foyer virtuel de plus de 3 000 casses auto, avec un catalogue de plus de 17 millions de pièces automobiles à la vente. Ces chiffres impressionnants ne sont probablement qu’un début, l’entreprise ayant encore de nombreux marchés européens à conquérir.
Pour les automobilistes français, Ovoko représente une alternative sérieuse aux circuits traditionnels, à condition de s’habituer à cette nouvelle façon de consommer la pièce détachée. Entre économies substantielles, gain de temps et impact environnemental positif, les arguments ne manquent pas.
La vraie question n’est plus de savoir si ce modèle va fonctionner, mais plutôt à quelle vitesse il va transformer un secteur resté longtemps à l’écart de la révolution numérique. Une chose est sûre : Ovoko a déjà largement contribué à faire entrer les casses automobiles dans le XXIe siècle, et ce n’est probablement que le début de l’histoire.